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Bye bye 2015

Il y a une douzaine d’années, on m’a trouvé un kyste ovarien. Je me souviens que mon amie J m’avait alors fait une remarque du genre «ah, ça explique les douleurs dont tu m’as parlées». Euh? M’en rappelait pas pantoute. Et aujourd’hui encore, chaque fois qu’on me demande lequel de mes ovaires on a retiré, je réponds «gauche?!?».

J’ai une mémoire sélective un peu mongole. Je peux vous dire la date de naissance du gars sur lequel j’ai été pâmée tout le long du secondaire (oui oui, celui à qui je n’ai jamais adressé la parole), mais ne me demandez pas de vous décrire mes douleurs du mois dernier. D’ailleurs, mon accouchement s’est super bien passé! Le phénomène s’explique probablement simplement : je choisis de me souvenir des choses agréables. Enfin.

Comme j’ai choisi de vivre au présent et de me préoccuper d’abord de mon bien-être et de celui de mes deux hommes, on dirait bien que je n’écris que ce qui me tente, passant sous silence des informations importantes. Désolée!

Au chapitre des bonnes nouvelles, donc, les résultats du TEP scan n’ont démontré aucun signe de métastases ni d’autres foyers de cancer dans mon corps. Ça veut donc dire que malgré sa grosseur imposante, ma tumeur ne s’est pas propagée dans le reste de mon corps. Et que le combat contre la bête est donc circonscrit à mon sein droit, yé!

Par ailleurs, ladite tumeur a aussi diminué de volume à la suite du premier traitement de chimiothérapie, ce qui est encourageant. Ça veut dire que l’attaque est efficace. J’aimerais bien vous en dire plus sur les armes, la stratégie et tout ça mais je n’en ai aucune idée.

Sinon, côté cheveux c’est la catastrophe. Moi qui disait vouloir une perruque pour éviter les p’tits maudits foulards qui crient «regardez, j’ai le cancer», ben c’est raté. Une perruque c’est très désagréable à porter. Imaginez avec des mèches! C’est bien beau être à l’aise avec mon crâne nu mais il fait frette. Bref, p’tits maudits foulards it is.

Le moral est toujours à son maximum, la forme physique pas pire non plus. Je quitte l’année 2015 avec le sourire, en vous souhaitant à tous une belle année 2016!

L’Île de Pâques

Tout le monde sait qu’il n’y a rien de pire que «googler» ta maladie. Tu tombes inévitablement sur des forums français passés dates où le pire est toujours arrivé et où tous les conseils médicaux sont permis. Bref, pour en savoir plus sur ce qui m’attendait à l’annonce de mon diagnostic, je me suis tournée vers la bibliothèque municipale.

Le premier bouquin vers lequel je me suis tournée était très à propos. Une journaliste française y raconte son expérience de cancer du sein sans flafla : à peine quelques sentiments à travers une myriade de faits. Il est vrai que le bouquin s’attarde beaucoup sur l’aspect génétique de son cancer et que ladite journaliste est une superwoman mais j’ai beaucoup aimé et je l’ai prêté à ma mère, question qu’elle comprenne mieux la dynamique du traitement.

Au deuxième livre, ça s’est corsé. Un roman atroce qui s’annonçait intéressant par l’agencement de ses sujets : cancer et course à pied. Eh boy! Je suis restée prise des jours à ne pas vouloir continuer à le lire tellement c’était mal écrit et sans intérêt. En voici les faits saillants : selon l’auteure, un échange de textos entre amies pendant un téléroman est une «envolée littéraire» et puis si ton amie est célibataire, envoie là avec ta mère en chimiothérapie, elle va se matcher avec un bel oncologue!

N’abandonnant pas ma quête, j’ai lu un troisième et dernier (je le promets) ouvrage ayant le cancer pour thématique. Un bref roman plutôt glauque mais qui frappe fort. Une histoire banale mais extrêmement triste dans laquelle le chum se décide à vouloir être père juste au moment où la maladie frappe sa blonde. Il quitte donc le navire en plein milieu des traitements puisque la chimiothérapie entraînera inévitablement la stérilité de sa blonde.

Dans ma cellule familiale, on travaillait activement au projet «petit frère de Charles-Antoine» depuis plus d’un an. Même si à trente-huit ans, je me doutais que le projet pourrait ne jamais voir le jour, l’annonce de son arrêt définitif a été un choc. On nous a d’abord parlé de traitements en fertilité, de prélèvement d’ovules. Puis, lorsqu’il a été question de cinq à dix ans de traitements hormonaux, on a vite compris que c’était fini.

Fiston sera enfant unique, comme sa mère, eh boy! J’en ris aujourd’hui, mais j’ai trouvé ça difficile. La maison pullule d’accessoires de bébés dont j’ai soudainement voulu me débarrasser en une journée… Bref, si je n’avais pas un chum merveilleux et un enfant enjoué, je serais salement déprimée aujourd’hui.

Sur ce, j’espère que vous passez tous un joyeux noël entourés de vos proches. Les miens m’ont gentiment accompagnée à travers la pire journée de Noël de tous les temps qui m’a rappelée une certaine exposition sur l’Île de Pâques (i.e. Vomir au musée).

FEC-100, deuxième ronde

Mon deuxième traitement de chimiothérapie a eu lieu hier. Je m’étais mise dans l’idée que la lecture de Journal d’un corps de Pennac allait m’aider à vous raconter ce qui se passe dans mon corps. Pas trop non.

On m’a installée dans un genre de cubicule d’isolation, par manque de place. Je pouvais donc épier discrètement les coiffures (salement moins laides que la mienne) des autres tout en m’évitant leurs conversations de maladie et de généalogie. Par contre, dans la vitre en face, je voyais mon reflet, déprimant.

J’ai opté pour le foulard parce que franchement, j’ai la tête d’un chien errant d’Amérique du sud. Selon les dire de mon chum, je ferais bonne figure au concours du chien le plus laid qu’on a récemment vu à Infoman… Je vais les raser complètement je pense.

En entrant à la maison, j’ai écouté le film Wild qui n’a rien à voir avec ma situation mais qui a l’avantage d’amener plus facilement à l’introspection qu’un roman de Pennac. J’aurais pu lire le livre, évidemment, ou du Castañeda tsé, mais j’avais besoin d’un fix d’images de la côte ouest américaine.

J’en arrive aux effets de la chimio, puisque c’est de ça dont je voulais vous entretenir. Pour moi (qui suit à peu près nulle en chimie et en biologie), prendre une dose massive de médicaments ne peut qu’entraîner des effets secondaires fuckés, eh ben non. C’est plus plate que ça, mettons.

Après être allée chercher fiston à la garderie, je suis passée m’engueuler avec une commis à la pharmacie (mon chum dit que j’ai un problème de communications, d’uh!) et je suis rentrée terminer le souper. Après quelques bouchées et une crise massive du fils-de-deux-ans, j’ai commencé à pâlir. Me suis placée à l’horizontal, ma journée était finie.

Vers minuit, je me suis réveillée en sueurs, avec un mal de tête et un léger mal de cœur. J’ai pris ma température et opté pour une pilule anti-nauséeuse, celle qu’on prend «au besoin». Ensuite j’ai dormi jusque vers cinq-six heures, je présume. J’ai tourné dans mon lit en pensant à ce que j’allais écrire. Et maintenant j’attend que mes hommes se réveillent.

Petite parenthèse sur les médicaments donc : FEC c’est pour :

  • 5-fluorouracile (5-FU)
  • Epirubicine
  • Cyclophosphamide

Mon cocktail est aussi composé de quatre comprimés dont j’ignore le nom (sinon, me serais pas pognée avec la commis de la pharmacie) qui ont pour but d’éviter les nausées et d’une injection hors de prix qui fait sortir des globules blancs de ma moëlle épinière (et me donne un peu la chienne de casser).

Tout ça vire un peu mon estomac à l’envers. Si ça se passe comme l’autre fois, je me sentirai «lendemain de veille» pendant quatre jours et après ça devrait se replacer. C’est pas aussi excitant qu’un trip de Peyotl donc, mais ça n’a rien à voir avec la sensation de te faire charger, au milieu de nulle part, par un urubu qui a l’air de savoir que tu as apporté le mauvais carburant pour ton brûleur…

Samedi grunge

La semaine dernière, lors de ma quête de «déguisement» de Noël, la petite vendeuse (je suis madame, tu es petite vendeuse) d’une boutique branchée du centro m’a suggéré d’opter pour une chemise carreauté et une jupe taille haute. Je lui ai répondu « ah non, je les ai bien vécues mes années quatre-vingt-dix, merci».

En fait, j’aurais dû lui dire que j’aspirais plutôt chanter du Paula Abdul au karaoké de mon party de bureau. Finalement, l’orchestre a joué des tounes des années soixante, j’ai pas dansé une miette, grosse déception.

Hier soir, pour le party de l’ex-bureau de mon chum, on était au centro. J’ai donc enfilé ma robe brillante, mes talons hauts, abusé un peu de fard à paupières et enfilé ma perruque avec des mèches en espérant secrètement qu’on irait danser quelque part après…

Eh ben non, à minuit, mes yeux fermaient tout seuls et je n’aspirais qu’à une chose : enlever cette perruque au plus maudit. Je pense que je serais plus à l’aise avec une perruque de clown…

Toujours est-il que je suis bien heureuse d’avoir été sage, étant donné l’état végétatif dans lequel j’ai été toute la journée. Oui, j’ai bu trop d’alcool, non, je ne pense pas que ce soit une bonne idée dans les circonstances.

Mais bon, je veux bien limiter ma consommation d’anti-oxydants, éviter les charcuteries et bannir les pamplemousses de mon alimentation, mais pour qu’on m’injecte une substance potentiellement dommageable pour mes veines qui fait chuter tous les poils de mon corps tellement c’est fort?

Bref, je consacre un temps fou à réfléchir aux divers poisons : à ceux qui pourraient avoir contribué à l’apparition du cancer surtout. Je suis convaincue que c’est une quête inutile, mais je ne peux m’empêcher d’y songer.

Parce que j’avais le cerveau dans le jello mais surtout parce que fiston n’était pas à la maison, j’ai passé une grande partie de la journée à faire une chose plutôt rare dans ma vie de jeune (vieille) maman : lire le journal.

Obsessive compulsive notoire, j’ai réussi à me rendre au mots croisés, ce qui est plutôt rare. D’accord, j’ai lu le cahier Économie en diagonale et skippé des articles entiers du cahier SportsTrivial Pursuit, les questions sportives portent principalement sur la formule 1 et le BMX, tsé).

J’ai donc retenu cette nouvelle : Scott Weiland est décédé d’une surdose d’alcool et de drogues. Ben quin.

Première ronde

Depuis que j’ai reçu le diagnostic, j’ai arrêté de travailler, j’ai fait un blitz spinning-yoga-spinning-yoga et de la boulimie littéraire puis le système de santé m’a avalée. Chirurgienne, oncologue, scintigraphie, TEP scan, chimiothérapie, biopsie, installation de port-à-cath, IRM, amenez-en des aiguilles…

Un mois s’est écoulé depuis, et on peut dire que bien que le système soit lent à démarrer, une fois pris en charge, ça roule. Mon intention n’étant pas de critiquer le système et ses vaillants travailleurs, je tairai les aberrations du mieux que je pourrai. Mention spéciale tout de même aux résidents en général et à la fille du centre de prélèvement qui, en regardant ma carte d’assurance maladie, a rien trouvé de mieux à dire que «ouain, ça change han, les cheveux?».

Je ne connais pas grand chose au cancer, ni à la chimiothérapie, si ce n’est que ça fait perdre les cheveux. Je n’appréhende pas trop de les perdre puisque ça fait partie des variables connues, ce qui pour moi est rassurant. Ok, j’ai vraiment peur qu’ils repoussent tout blancs mais ça c’est une autre affaire.

Étant donné la réaction étrange de notre fils quand papa enlève quelques millimètres de sa chevelure, je me suis dit que ce serait bon de l’impliquer dans le processus. Dès que j’ai senti que mes cheveux ont voulu quitter ma tête, j’ai donc décidé de les raser. C’était avant-hier. Maintenant, j’ai saisi une chose : avoir les cheveux très très courts, y’a rien là. Aucun cheveu? C’est épeurant!!

Oui oui, j’ai suivi les conseils des gens qui comprennent mieux que moi comment ça marche et je me suis inscrite à un atelier «Belle et bien dans sa peau» pour me grailler d’une perruque et de quelques techniques de nouage de foulard. Ah, c’est beau la naïveté… Pendant deux heures, j’ai appris comment me maquiller : il était à peu près temps à 38 ans, tu vas me dire. La bénévole, grimée en permanence (oui monsieur, ça se peut) avec un petit sourire du Joker bourgogne, m’a donc appris à mettre de la pourde.

Toujours est-il que j’ai rendez-vous demain, pour une prothèse capillaire. Juste à temps pour enfiler ma robe brillante, mes souliers à talons tout neufs et m’adonner à ma nouvelle passion : le maquillage.

Introduction

C’est arrivé en début d’année, quelques temps après le retour de mes seins à taille «normale» après avoir arrêté l’allaitement, quelque part entre la fausse couche molaire et la surdité de Charles-Antoine. Une bosse donc, pas mal grosse, découverte sur le dessus de mon sein droit.

Profitant d’un rendez-vous de fiston chez le médecin, j’ai présenté la bosse à mon médecin. Elle l’a tâtée, a gardé son calme, a semé chez moi l’hypothèse d’une réaction hormonale à l’affreux anovulant prescrit par les gynécologues en résidence, puis m’a prescrit une échographie en posant LA question qui devient malheureusement courante : public ou privé?

Quelques semaines auparavant, nous n’avions pas hésité, mon chum et moi, à répondre privé puisqu’il s’agissait de l’ouïe de notre précieux ingénieur junior. Maintenant qu’il était question de moi et d’une bosse qui pouvait très bien être rien du tout, mes valeurs socio-démocrates ont pris le dessus. Erreur.

Six mois plus tard donc, la bosse menaçant de sortir de ma poitrine était devenue douloureuse. J’avais évidemment eu le temps de passer à travers tous les scénarios. À force d’entendre parler de «ma tumeur» par mon chéri qui est convaincu que je suis la pire hypocondriaque de la planète, j’en étais à croire que ce n’était qu’une bosse pas mal gossante. Mon chum excédé a pris rendez-vous au privé.

L’ironie de l’affaire c’est que j’ai été appelé une semaine plus tard par le public. Et que c’est le même radiologue qui dessert les deux systèmes… M’enfin. Ledit radiologue a été très calme et rassurant lui aussi mais m’a prescrit une biopsie pour la semaine suivante, question de savoir de quoi était faite c’est masse gigantesque (j’exagère, bien sûr, mais 5 cm c’est loin de la tête d’épingle).

On a donc biopsié la bête, on m’a placé des repères qu’on a ensuite localisés grâce à une mammographie. Je suis tombée dans les pommes à la mammographie, allez savoir, le stress j’imagine. J’ai texté mon chéri resté dans la salle d’attente, il m’a répondu «le prince Charles est gai». Eh ben.

Le radiologue m’a dit que les résultats arriveraient dans sept à dix jours (comme un test de perco, c’est malade!). Trois jours plus tard, mon médecin me convoquait d’urgence. Ce même médecin qui me terrorisait quand j’avais vingt ans m’a parue si fragile, si bouleversée. Bref, j’ai le cancer du sein.

Bienvenue

Ce blogue n’a strictement rien à voir avec l’électromobilité, je suis désolée. Mon chum s’est développé une passion pour les voitures électriques et c’est omniprésent dans ma vie. J’ai cru que je trouverais le temps et l’intérêt d’écrire à ce sujet. Eh ben non.

Maintenant que le cancer m’afflige et que mes proches réclament des nouvelles, je me suis dit que j’allais emprunter cet espace pour le faire. La maladie a cela de terrible qu’elle me rend profondément égoïste. Je communique donc à sens unique, grâce à un média complètement obsolète que je ne maîtrise pas du tout! Pis je trouve ça ben cool.

Bonne lecture!