L’année du cochon

L’une des instructions claires lorsque tu es sous chimiothérapie, c’est qu’au moindre signe de fièvre, tu te rends à l’urgence. La dernière fois que j’ai suivi cette instruction à la lettre, je me suis ramassée en isolement, avec ma diarrhée de chimio et on m’a retiré mon port-à-cath.

Alors le mois dernier, lorsque j’ai vécu des épisodes de fièvre, je les ai laissés passer, à cause de cette peur bleue de ne plus avoir de port-à-cath: la tête de cochon a gagné sur les instructions. Mon oncologue m’a quelque peu réprimandée.

Au cycle de traitement suivant, les épisodes, qui se manifestent le soir seulement, se sont multipliés et ma température corporelle a augmentée. Je me suis donc dirigée à l’urgence, à reculons, et l’aventure a commencé.

On a cherché en vain une infection, puis on m’a montée passer un examen. Arrivée là-bas, j’ai eu la surprise de me retrouver à l’endroit où on m’a injecté de l’iode à côté de la veine en novembre. S’en est suivi une belle crise de panique et une réticence majeure à l’installation d’un cathéter. Je l’ai fait, ça a brûlé, sans toutefois passer à côté. 

En pleine nuit, on m’a transférée de l’urgence à l’étage, sans trop me demander mon avis. Depuis, je suis dans une chambre à quatre sous antibiotiques en prévention. Aucun examen n’est prévu, on me dit six fois par jour que ma pression est basse et je déprime.

Hier, j’ai essayé de négocier une sortie. On a enlevé mon antibiotique, j’ai fait de la fièvre sans bon sens, échec de la tentative d’évasion. Je suis donc condamnée à rester ici écouter mes cochambreurs vomir et se plaindre.

Même s’il ne lit pas mon blogue, mon chum est toujours sur mon dos lorsque je « mange mon prochain » alors vous n’aurez pas la chance de lire les péripéties des Lavigueur de Granby (le fils cherche le meilleur spot pour se faire tatouer la face de son gars: pas trop près des totons c’est de là qu’il engraisse) et du carencé affectif cassé de Stanstead (il a passé pas moins de huit appels entre 7h30 et 9h30, pour raconter sa nuit et emprunter du cash). Dommage, ce sont de très beaux personnages.

Je n’ai pas demandé de chambre semi-privée d’abord parce que je crayons mon séjour temporaire. Maintenant que j’ai l’impression que je vais passer le restant de ma vie ici j’hésite un peu. Voilà, j’entame ma quatrième journée d’hospitalisation et j’ai déjà presque perdu la boule. Mais je mange tout ce qu’on me donne, comme un cochon.

2 réflexions sur « L’année du cochon »

  1. Pas de mes oignons, mais moi je prendrais la chambre semi-privée et n’importe quelle drogue qui me fait du bien en quantité industrielle. Et puis, manger son prochain, c’est probablement plus appétissant que manger de la bouffe d’hôpital. Fais-toi plaisir, et dis-toi que les gens sont toujours secrètement soulagés d’apprendre qu’il y a d’autres familles aussi perturbées que la leur.

  2. Man, Cath… Moi je les prendrais, les récits de péripéties de tes prochains qui ont l’air tellement bon à manger… Si ça te défoule, vas-y fort, en plus si ton chum lit même pas ton blogue! Y’a parsonne iccitte qui va te stoolé, c’t’une promesse, ma chum!
    Ici on se remet d’un épisode de gastro, alors je conçoit que je ne soit pas nécessairement la bienvenue à ton chevet, même avec un masque t un chapeau de clown pour te protéger de mes microbes tout en t’abrevant de mes meilleures blagues (de tattoos, entre autres). Mais dès que tout est revenu en ordre, je me pointe, où que tu sois!
    Bon courage, ma wonder!

    P: mais tout de même…
    http://justsomething.co/wp-content/uploads/2014/03/worst-tattoo-fails-14.jpg

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