Fraises

Phonèmes

Il y a quelques semaines, à mon traitement de Perjeta, j’ai croisé Rachel, mon ancienne rédactrice en chef du temps où j’écrivais une chronique dans le canard Orferois. C’est elle qui m’a recrutée et qui a eu la patience, mois après mois, de recevoir mes textes après la date de tombée.

Maintenant que j’écris librement sur la toile, je ne suis aucun plan, aucune date de tombée, mais je peux vous dire que ça me titille de laisser mes quelques lecteurs assidus en plan aussi longtemps, sous prétexte que je suis «très occupée».

En vrac, j’ai emmené fiston cueillir des fraises avec mes parents (et le fantôme de ma mère-grand qui passait littéralement ses temps libres de juillet dans le champ de fraises), puis en camping et à la plage. Nous avons aussi visité son futur CPE.

Oui oui, tout de suite après avoir rencontré l’orthophoniste (et avoir badtrippé un peu), je me suis bottée le derrière et j’ai ajouté son nom sur la liste pour des CPE sortant de mon rayon «près de la maison». Le lendemain, pouf!, nous avons eu une place juste à côté de mon bureau.

Quel rapport avec le cancer, vous dites? J’aimerais vous dire qu’il n’y en a aucun mais au fond de moi même, je crois que le stress lié à la surdité a joué un rôle déclencheur dans le développement fulgurant de la bête. Enfin, à chacun ses croyances n’est-ce pas?

Toujours est-il que j’essaie de ne pas faire gagner le stress du retard de langage. Et non, les mots d’encouragements ne m’encouragent vraiment pas. Parce qu’il est marqué, son retard, et que ça sera un long combat.

Le mien, de combat, bat son plein. Mon passage en physiothérapie a été très bénéfique. Bien sûr, j’ai retrouvé la mobilité de mon épaule (pas encore parfaitement mais presque), mais discuter système lymphatique avec ma physio a été quasi thérapeutique pour ma santé psychologique.

J’ai donc commencé la radiothérapie vendredi dernier, sans aucune difficulté à me tenir immobile avec les bras sur la tête. C’est juste assez long pour cogner des clous et se perdre dans ses réflexions. Se rendre à l’hôpital à tous les jours à la même heure comprend aussi un risque de rendre fou…

Et comme si je n’étais pas assez folle d’avance, je capote parce que mon père m’a donné un lift hier et que je ne pourrai pas me vanter d’être allée à mes vingt-neuf traitements en vélo. Après ça on soupçonne mon fils d’être un peu zinzin, sous prétexte qu’il parle un langage qui lui est propre, rempli de phonèmes n’appartenant pas à la langue française, pfft!

2 réflexions sur « Phonèmes »

  1. Bien heureuse pour nous que ca te titille de pas donner de nouvelles!
    Vive les fraises , le vélo, la bière et le soleil. Gros bisou xxx

  2. Merci du billet ensoleillé. Il m’a rappelé des matins bien agréables passées en compagnie de mon défunt papa à remplir un seul grand bol de ces minuscules fraises des champs. Au retour, on ne savait plus si les taches rouges qui nous couvraient les bras étaient le jus des fraises ou des morsures de mouches noires. Pas d’encouragement donc, même si j’apprends (Perjeta) que tu es aux prises avec le même cancer coriace que moi et que ça saute aux yeux que ton gamin il est heureux.

    C’est vrai qu’on se raconte des tas de choses pour essayer d’expliquer une mutation génétique. Ma théorie à moi c’est que pendant les six ans qui ont précédé le diagnostic j’avais atteint un niveau de bonheur tout simplement inadmissible chez les personnes vouées à une vie de labeur et d’épreuves 😉

Les commentaires sont fermés.