Charles-Antoine Boggle

Piste

Arrivés à la Grande halte, mon chum me suggère de revenir par la 1 plutôt que la 9, difficile. Je dois me rendre à l’évidence : il est midi, je n’ai mangé qu’un petit bol de céréales ce matin et, sans le poids de fiston, je peine à le suivre. Je me résous à revenir par ce qui doit être La piste de ski de fond la plus plate du Québec (c’est drôle comme j’oublie la plaine du St-Laurent, tout à coup!). J’y vais d’un «Je vais méditer» qui sonne un peu étrange.

En fait, j’entends joindre l’utile au désagréable en réparant mentalement mon billet de blogue de la veille. Celui dans lequel j’avais entrepris de vous raconter comme j’ai passé un beau jour de l’an à skier, jouer dehors et jouer au Boggle. Après avoir écrit «C’est mon jeu préféré. De tous les temps.», j’ai joué compulsivement sur Boogle.fr (deux batteries d’ordinateur) laissant en plan mon projet d’écriture.

De retour sur la 1, où ma technique est lamentable et tous les skieurs sont meilleurs que moi, concentrée sur le fait que la piste est donc plate, j’arrive tout à coup devant un magnifique paysage d’hiver. Le soleil perce derrière quelques nuages colorés, faisant briller le givre sur les restants d’arbres mort dans l’étang Huppé, c’est de toute beauté!

Réconciliée quelques instants avec mon parcours, je réalise à quel point cette balade en skis ressemble à mes traitements de chimiothérapie. Il y a des moments plus difficiles mais la majorité du temps, c’est juste plate. Attendre pendant deux-trois heures que les produits chimiques soient injectés ou parcourir un large sentier plat : c’est vraiment plate. Il n’appartient qu’à moi d’égayer tout cela.

C’est terriblement cliché de dire ça mais je me rends compte à quel point le chemin est plus important que la destination. Je n’ai plus dix-sept ans. À cet âge là, alors que je pleurnichais de n’avoir pas atteint le sommet du mont Blanc, Laurent m’avait bien parlé dans le cass. Cette semaine, je lui ai annoncé avoir le cancer, je l’ai senti profondément bouleversé, alors que je poursuivais ma quête de la tuque parfaite (je gèle de la tête c’est endurable).

«Je garde le moral», lui ai-je dit, les yeux secs. Je ne pense pas qu’il n’y ait autre chose de plus important que ça. À quoi bon souhaiter l’amour, la prospérité ou la santé? Pour la nouvelle année, je vous souhaite donc d’avoir le moral:)

2 réflexions sur « Piste »

  1. Tu es génial Catherine, vraiment inspirante et savoureuse continue ton blogue!

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