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Retour à la maison

Ce billet ne sera pas drôle. Je ne vous raconterai pas les aventures des co-chambreurs du 4676, parce qu’au final, les humains desquels on a envie de rire sont presque toujours vraiment paumés. Je vais les laisser tranquille. J’espère qu’ils guérissent bien et qu’ils sont heureux.

De mon côté, je suis entrée à l’hôpital parce que je faisais de la fièvre. On a donc fait tous les tests possibles pour découvrir une infection, en vain. Sur la fin, alors que je suppliais la résidente de me donner des Immodiumparce que c’est « normal » pour moi d’avoir la diarrhée, l’infectiologue est débarquée avec un soupçon de c. difficile et une isolation. Pas dans une pièce à part, dans mon rideau, avec la mission de produire un échantillon de selles sans pipi (pas facile).

J’ai passé mon TEP Scan le mercredi matin (il y a deux semaines). Mathieu est venu passer l’après-midi avec moi pour être là lorsque l’oncologue allait passer. Il est passé en fin de journée, il avait perdu de son optimisme habituel. Les masses qui étaient dans les ganglions et dans les poumons avaient diminué, mais celles dans le foie et dans les os avaient augmenté.

Il a dès lors annoncé qu’on arrêtait le traitement en cours, pour en essayer un autre, dès le lendemain. Ce fut un choc puisqu’on avait tous un bon espoir dans le premier traitement. Le second m’apparait comme moins garant d’efficacité. Les seules bonnes nouvelles sont qu’il donne moins d’effets secondaires, qu’il ne nécessite pas de médication complémentaire (souvent source d’effets désagréables) et qu’il ne fait pas tomber les cheveux.

Dès qu’on a levé l’isolation, j’ai pu retourner à la maison. La conclusion étant que la fièvre est liée à la maladie elle-même. C’est assez intense et difficile à gérer. Mais ce qui m’handicape le plus c’est le manque d’énergie. Avoir à m’asseoir pour reprendre mon souffle après avoir descendu les escaliers, c’est traumatisant.

Je sais très bien qu’il faut rester positif et laisser la chance au traitement de fonctionner. Mais il ne faut pas dénier les faits non plus. Hier, je me suis tâtée une masse épeurante dans l’abdomen. Mon état général est si mauvais que je ne vois pas comment quelques molécules pourraient venir à bout de de toutes ces cellules maléfiques qui se multiplient en moi.

Bref, la fin s’en vient. C’est ça qui est ça. Y’a pas d’autre manière de le dire. J’aimerais ça que tu l’acceptes, que tu ne m’envoies pas de recette miracle pour guérir et que tu comprennes que je ne peux pas répondre à tes Messenger.

L’année du cochon

L’une des instructions claires lorsque tu es sous chimiothérapie, c’est qu’au moindre signe de fièvre, tu te rends à l’urgence. La dernière fois que j’ai suivi cette instruction à la lettre, je me suis ramassée en isolement, avec ma diarrhée de chimio et on m’a retiré mon port-à-cath.

Alors le mois dernier, lorsque j’ai vécu des épisodes de fièvre, je les ai laissés passer, à cause de cette peur bleue de ne plus avoir de port-à-cath: la tête de cochon a gagné sur les instructions. Mon oncologue m’a quelque peu réprimandée.

Au cycle de traitement suivant, les épisodes, qui se manifestent le soir seulement, se sont multipliés et ma température corporelle a augmentée. Je me suis donc dirigée à l’urgence, à reculons, et l’aventure a commencé.

On a cherché en vain une infection, puis on m’a montée passer un examen. Arrivée là-bas, j’ai eu la surprise de me retrouver à l’endroit où on m’a injecté de l’iode à côté de la veine en novembre. S’en est suivi une belle crise de panique et une réticence majeure à l’installation d’un cathéter. Je l’ai fait, ça a brûlé, sans toutefois passer à côté. 

En pleine nuit, on m’a transférée de l’urgence à l’étage, sans trop me demander mon avis. Depuis, je suis dans une chambre à quatre sous antibiotiques en prévention. Aucun examen n’est prévu, on me dit six fois par jour que ma pression est basse et je déprime.

Hier, j’ai essayé de négocier une sortie. On a enlevé mon antibiotique, j’ai fait de la fièvre sans bon sens, échec de la tentative d’évasion. Je suis donc condamnée à rester ici écouter mes cochambreurs vomir et se plaindre.

Même s’il ne lit pas mon blogue, mon chum est toujours sur mon dos lorsque je « mange mon prochain » alors vous n’aurez pas la chance de lire les péripéties des Lavigueur de Granby (le fils cherche le meilleur spot pour se faire tatouer la face de son gars: pas trop près des totons c’est de là qu’il engraisse) et du carencé affectif cassé de Stanstead (il a passé pas moins de huit appels entre 7h30 et 9h30, pour raconter sa nuit et emprunter du cash). Dommage, ce sont de très beaux personnages.

Je n’ai pas demandé de chambre semi-privée d’abord parce que je crayons mon séjour temporaire. Maintenant que j’ai l’impression que je vais passer le restant de ma vie ici j’hésite un peu. Voilà, j’entame ma quatrième journée d’hospitalisation et j’ai déjà presque perdu la boule. Mais je mange tout ce qu’on me donne, comme un cochon.

Réapprendre à marcher

Aujourd’hui, j’ai entendu l’électricité circuler dans mes neurones. Ceci dit, je l’avais bien cherché. J’ai effectivement choisi cette magnifique journée d’hiver enneigé pour exercer mon droit de consommer du cannabis en toute légalité. Je crois ne pas m’être sentie aussi bien, énergisée, que depuis le référendum de quatre-vingt-quinze. Mis à part les quelques secondes au plancher, bien évidemment.

Rassurez-vous mestantes, je ne finirai pas mes jours dans la polytoxicomanie, quoique les cocktails de chimio se qualifient un peu. Mais vous dire l’effet thérapeutique que ça m’a procuré… En passant chercher son souper, mon skieur chéri m’a demandé si je faisais de la poudre lorsque je fume. Ha ha. Non, je ne CatherineDorionerai pas mon billet avec des analogies hautement nichées, mais bon, disons que je vire la maison à l’envers, je danse, je peint et je range comme une damnée.

Effets secondaires, donc. Que j’apprécie davantage que l’insomnie du cachet anti-nausées et du coma dans lequel celui-ci me plonge inévitablement pendant quatre belles journées d’hiver.

Si la tendance se maintient, je crois pouvoir skier cet hiver. Espérons que la neige tiendra le coup jusqu’à mon prochain «break». Toute à l’heure, j’ai réussi à marcher la rive nord du Réservoir des Nations, du barrage Paton jusqu’à Vimy avec montée d’Ontario. À la vitesse Wauthier, c’est-à-dire en acceptant de me faire doubler par des marcheurs du troisième âge. On est loin du marathon, mail il y a de l’espoir [Beau petit mot fleur bleue, Lazure!].

Malheureusement, il faut bien devenir sérieux à un moment donné et songer à la fin. À qu’est-ce qu’on veut absolument réaliser, vivre, léguer. Cesser de vouloir plaire aux autres et prendre en charge le scénario. Sachez que ma procrastination n’est pas mue par le déni, mais par mon besoin d’atteindre un certain niveau de bien-être, aussi artificiel soit-il. J’espère donc optimiser mes prochains jours-semaines-mois pour maximiser mon degré de bonheur. Je vous souhaite tous le même défi pour la nouvelle année, bisous.

p.s.      J’ai d’abord rédigé mon billet sur papier, ouch.

Aphonie

Samedi dernier, soir de partys de bureau, je suis restée à la maison avec un début de rhume. Le lendemain fût une démonstration parfaite de mon analogie du lendemain de brosse. Moi, amochée par le traitement et Mathieu, amoché par l’alcool. Même combat. Fils de cinq ans abandonné à son monde imaginaire.

Le rhume a été particulièrement intense. Aucun signe de fièvre, ceci dit, mais un mal de gorge et les sécrétions qui vont avec. Avec les saignements de nez, ça n’a pas été simple à gérer. Et les appels téléphoniques d’une voix d’ado qui mue, épiques. J’ai bien essayé d’utiliser les rudiments de langage des signes que je connais pour communiquer avec le fils, sans trop de succès. Bref, une extinction de voix, aucun dix-roue cette fois.

J’ai évidemment une théorie à cinq cennes pour expliquer à quel point je l’ai eu facile pour ce deuxième traitement. D’abord, le degré de stress qui a précédé le premier n’a pas dû aider. Le changement de médication pour éclaircir le sang (probablement à l’origine des douleurs intenses relatées dans mon billet précédent) a aussi changé ma vie. La magie ultime, je l’attribue au fait que mon poids n’avait pas été ajusté dans mon dossier et que ma dose était peut-être trop forte lors du premier traitement. Ça vaut cinq cennes, mais ça me suffit.

Ça augure bien pour le temps des fêtes et pour la suite, donc. Je ne suis pas en forme au point de jogger (par une nuit d’insomnie, je me suis prise à rêvasser de combien ce serait chouette d’aller courir), mais je ne devrais pas vous dormir dans la face à l’heure du souper. Mon équilibre lecture/visionnement de séries de qualité douteuse est aussi rétabli. Bref, le moral est bon.

p.s. Si jamais l’opération estampillage de patates vous intéresse, sachez que ça n’a pas été de la tarte et que j’ai dû sortir mon  « kit » des années quatre-vingt avec une vitre et un rouleau. Et que le fils n’a pas tant participé/trippé. Sincèrement, la sculpture des patates était trippante, si on oublie que j’ai contaminé le compost et pollué l’eau.

Bonapace

Après avoir pleuré, hurlé, poussé pendant douze heures pour accoucher d’un enfant, tu te dis inévitablement « on recommence? ». Le cerveau humain a ceci de merveilleux qu’il nous permet d’oublier complètement l’intensité de la douleur. Enfin, le mien est comme ça. Une sacrée chance parce que sinon j’abandonnerais la chimio derechef.

C’est vrai que j’ai oublié comment c’était il y a trois ans. Mais c’est aussi vrai que c’est plus difficile cette fois-ci. Ça m’a pris un bon dix jours à fonctionner un minimum. Et comme un seul traitement n’aura pas suffi à détruire l’ennemi qui habite mes poumons : je rushe ma vie à marcher un kilomètre. En plus des effets secondaires habituels, j’ai des épisodes de douleur intense et je fais des crises de panique pour un rien.

Hier, je suis allée voir un spectacle de cirque avec mes amies. Je suis partie de là en pleurant comme une madeleine. Certes, le spectacle était un peu mélancolique, mais mes larmes émanaient plutôt d’une boule de panique. Pour moi, maximiser les moments passés ensemble, ça mets inévitablement l’accent sur le fait qu’on a un temps limité pour le faire. Ça me rappelle que je n’irai plus jamais à la Tohu avec mon fils. J’appréhendais aussi le retour à Sherbrooke. La possibilité que l’épisode de douleur intense se passe dans la voiture.

Évidemment qu’on m’a prescrit un opioïde pour soulager la douleur. Lorsque je me suis couchée, mon chéri m’a dit « sois à l’affût, n’attends pas que la douleur soit intense pour prendre une pilule». Mais il n’y a pas de signe, d’avertissement. Et parce que j’ai une peur bleue de développer une dépendance à ces petits cachets, j’en ai pris une demi. Une heure plus tard, l’heure que ça prend pour faire effet, la douleur était toujours plutôt intense. Bref, on a passé une belle soirée…

Tout ça à quatre jours de mon prochain traitement. Ça m’angoisse énormément. Bref, c’est pour tout ça que je ne réponds pas aux messages, que je ne donne pas les nouvelles que je devrais donner, ni les remerciements qui s’imposent. Je trouve l’épreuve particulièrement difficile cette fois-ci.

Trois dix-roues

-Te trouves-tu belle?

-Neon

-…je ne voudrais pas en ajouter, mais tu pues aussi

Je rêve d’une douche chaude, interminable, à faire grimper mon empreinte écologique au-delà du supportable. Plus que deux jours avant de faire enlever les agrafes de mon port-à-cath et demi. Et demi, parce que c’était pas suffisant de rusher pour installer un cathéter sous échographie et de stresser pour l’intervention pleine conscience, l’installation du même côté que le précédent s’est soldé par un échec et on a dû tout recommencer de l’autre côté. Du côté où en principe on ne fait rien, puisque je n’ai plus de ganglions.

Un dix-roues d’agrafes, de picotements et de pestilence, donc.

On a ensuite voulu savoir pourquoi l’installation à gauche avait échoué. Les gentilles infirmières du septième avec qui j’avais passé la journée m’ont installé un nouveau cathéter, un peu plus petit que celui que la technologue avait demandé.

-Ben voyons, pas moyen d’avoir ce qu’on demande

-[larmes abondantes]

-J’ai demandé un vingt, pas un dix-huit

-[larmes abondantes et tressaillement]

-Sont juste pas capables de suivre des instructions simples

-[Avec tout mon courage de trypanophobe qui s’est fait piquer dix-sept fois dans la semaine] Écoutez, hier, on a dû avoir recours à l’échographie pour m’installer un cathéter, elles ont voulu bien faire

-On va l’appeler, l’infirmière qui pique sous échographie, venez brailler ici

Elle est venue, elle a piqué. Au moment de l’injection de l’iode, j’ai su que quelque chose n’allait pas, ça brûlait. Comme je braillais depuis mon arrivée dans son antre, la technologue a fait fi de mes caprices et m’a injecté l’iode. Tout l’iode. Résultat : outre la brûlure, une bosse immonde et douloureuse que mon système lymphatique allait drainer, ou pas.

-Ben c’est ça, on va utiliser LEUR cathéter d’abord

-[larmes abondantes]

-Mais l’examen ne sera pas aussi concluant

Oui, j’exagère sans doute puisque j’avais déjà une bonne quinzaine d’heures d’hôpital dans le corps. Non, je n’ai pas pris les coordonnées de la gentille dame pour qu’on devienne amies. Ma veine cave est bouchée pis j’ose pas trop en googler les implications.

Un dix-roues de stress, bref.

Le lendemain, retour à l’hôpital pour le traitement de Taxotère. Les doigts dans la glace à rigoler en écoutant ma balado préférée. Retour en autobus, peinarde. Le calme avant la tempête. Les amies sont venues, on a dansé. Puis, le stress a embarqué, suivi de l’incroyable raz-de-marée de malaises physiques. Je ne peux pas croire que j’ai déjà comparé la chimio à un lendemain de brosse, c’est vraiment pas ça. C’est plus comme un sevrage digne d’une scène de Trainspotting. Le dix-roues ne te frôle pas en bécyk sur une route à trois chiffres, il t’éffouerre dans le viaduc montréalais.

Un dix-roues chimique.

Se débattre avec le cancer

Le mois dernier, LeDevoir publiait une série d’article sur le cancer, incluant une réflexion de l’ami Dominic sur le vocabulaire et la symbolique entourant la maladie. C’était deux jours après que j’aie apris que le cancer était officiellement revenu dans ma vie. L’amoureux m’a pointé les gants de boxes, puis le mot « perdant ».

La nouvelle est tout de même venue avec un certain soulagement, venant expliquer l’incroyable malaise que je ressentais depuis un moment. Mon incapacité à courir normalement n’était pas simplement due à l’incroyable paresse qui a accompagné la canicule de cet été, fiou! Je peux limiter mes remords de ne pas avoir suivi mes belles résolutions post-burn-out et d’avoir priorisé le travail et le soin des autres au détriment de moi-même : l’ennemi a bel et bien envahi mon corps.

Je vous épargne les détails glauques de l’envahissement, c’est pas beau beau. L’oncologue croit néanmoins que la chimio réussira à chasser les masses et métastases, sans pouvoir toutefois anticiper à quel point et pour combien de temps. Excusez cette annonce brutale: je ne guérirai pas.

Une fois ce choc encaissé, il reste que je fais entièrement confiance à la médecine pour me garder hors du pétrin le plus longtemps possible et que, au final, ce qui importe dans l’immédiat c’est de vivre le présent avec mes proches. J’ignore si je poursuivrai la rédaction du blogue. Probablement, puisque cela me permet de ventiler (juste cette semaine, j’en aurais pour des pages et des pages…) mais surtout, parce que communiquer avec une personne à la fois demande beaucoup d’énergie.

Le projet de l’amoureux, c’est de nous faire inviter à souper par tout le monde et de maximiser nos interactions sociales. Une semaine sur trois, ce ne sera pas l’idéal, mais sinon, amenez votre pâté chinois quand vous voulez! (Sauf si vous êtes une Claudette que je ne connais pas, no offense). Un apéro, un après-midi play-date avec le fils : on est ouvert.

Parlons-en, du fils. Il vient à peine de rattraper son retard de langage et son vocabulaire est encore limité, mais il m’a sorti ceci, chez le dentiste l’autre matin, alors que je le pressais (non!) de peur d’être en retard à un rendez-vous important :

C         Dépêche-toi, maman a un rendez-vous elle aussi

C-A     Ah oui, où ça?

C         À l’hôpital

C-A     Pourquoi?

C         Je vais voir le médecin, je suis malade

C-A     Oh, je ne veux pas te perdre

« Te perdre », sacrament, il a pogné ça où? N’empêche, il n’est pas con ce fils, il comprend beaucoup de choses. Nous sommes évidemment à la recherche d’un support psychologique externe pour ce beau garçon, si vous avez des plogues ce serait apprécié car nos recherches ne sont pas fructueuses pour l’instant.

Je vous laisse avec une image de mon fiston chéri qui m’a inspiré le titre de ce billet. Entré de (ou à) la garderie, il secoue frénétiquement mains et pieds pour expulser mitaines et bottes. Il se débat contre l’usage des velcros? Je me débats contre des cellules anormales hostiles.

Bisous

Bye bye 2016

Dans l’épisode précédent, je vous racontais comment la sympathique Vanna (nom fictif), agente d’assurance de son état, m’annonçait que mes traitements terminés, je n’avais plus aucune raison de ne pas retourner au boulot.

Dans les semaines qui ont suivi, j’ai donc réintégré clandestinement mon milieu de travail, terrifiée à l’idée de devoir affronter un client insatisfait. Quelques heures par semaines, question de m’acclimater tranquillement. La fameuse Vanna ayant ironiquement dormi au gaz solide, mon acclimatation a été plutôt longue. Mais bénéfique.

En effet, lorsque j’ai annoncé à ma chirurgienne que je voyais mon médecin de famille pour recommencer à travailler, elle a été plutôt sceptique, m’invitant chaleureusement (sic) à ne pas trop m’engager et à m’attendre à devoir arrêter de nouveau. J’ai su que j’étais prête à retourner parce que sa froideur ne m’a pas affectée, puis j’ai gardé pour moi les détails de mon retour au travail, à savoir ma promotion ainsi que les nouveaux défis qui m’attendent.

Mon médecin de famille non plus n’a pas sauté au plafond. Je respecte leur professionnalisme mais je trouve absurde qu’elles ne soient pas capables de mesurer la détresse psychologique qui nait d’un congé de maladie prolongé… rester chez moi en attendant de retomber malade? Très peu pour moi.

Il est vrai qu’à ma dernière visite chez la chirurgienne, je me suis fait palper la bosse qui est revenue, sous mon aisselle. Mais chaque chose en son temps, je ne vais pas m’arrêter de vivre par peur de mourir, c’est absurde. Bref, j’ai le moral dans le plafond, plus que jamais.

Mon retour progressif s’achève puisque mes traitements de chimiothérapie tirent à leur fin. Il était temps, il faut dire, puisque sans Port-à-cath et avec les veines durcies par les médicaments, me piquer devient une épopée fort désagréable. Il ne me reste qu’un seul traitement de Perjeta et un seul d’Herceptin, la semaine prochaine, après quoi je demeure avec mon hormonothérapie, ou la ménopause avant l’heure.

Sinon, la surdité de mon fils a finie par être diagnostiquée ou confirmée. Vous dire combien la vingtaine d’heures consacrées cet automne à un suivi en orthophonie a été éprouvante (cette phrase ne se tient pas debout, j’ignore comment placer un verbe conjuguée pis que je suis trop fatiguée pour me forcer!!). Bref, je suis tellement soulagée! Fébrile, aussi, car il aura enfin ses appareils demain. J’ai peur d’avoir de trop grosses attentes, mais en même temps, il sera pris en charge par le Centre de réadaptation et je vois enfin la lumière au bout du tunnel.

p.s. Je me suis ennuyée de mon clavier, ça se peut que je recommence à bloguer 😉

Unbelievable

En regardant mon calendrier ce matin, j’ai été ravie de voir qu’il n’y avait rien. Aucun rendez-vous, pour la deuxième fois seulement depuis le 15 juillet : ça fait du bien! Je ne passerai pas la journée à méditer sur mon tapis de yoga pour autant puisque je dois préparer les bagages pour la fin de semaine mais bon, je vais le faire à mon rythme, avec un petit sourire en coin.

J’ai enfin terminé la radiothérapie, fiou! Les cinq derniers traitements ont quand même été plus courts puisqu’il s’agissait de traiter ma cicatrice et le site de la tumeur. Au final, j’ai la peau tannée un brin, rien de trop irrité, je crème abondamment (surtout les marques de crayons, pour les aider à partir, héhé) et ça va.

Même si la radio ne s’est pas terminée à ma fête comme je le souhaitais, je me suis quand même un peu gâtée, profitant du fait que fiston était chez ses grands-parents pour prendre un grand bain moussant, lire le journal et relaxer. Comme cadeau, Catherine Pogonat a fait jouer «Unbelievable» à la radio, ça a fait ma journée (et ma semaine puisque je la fredonne encore). C’est niaiseux comme une vieille toune d’un groupe au succès éphémère peut procurer du bonheur au point de la qualifier de cadeau de fête. Enfin.

J’ai débuté les traitements hormonaux depuis quelques jours. Il m’est difficile de savoir si mes mauvaises nuits sont attribuables à ce changement, puisque fiston en passe de très mauvaises ces temps-ci. Quoi qu’il en soit, j’ai clairement des «chaleurs» mais rien d’handicapant. Ce qui veut dire que je suis prête à reprendre ma vie normale.

Bien que j’angoisse un peu à l’idée de réintégrer le petit navire de guerre après qu’il eut navigué en zone de combat, je crois que je suis beaucoup plus préoccupée par des questions futiles comme doter ou pas mon nouveau vélo d’une assistance électrique. Je sais, c’est niaiseux, mais j’ai monté Vimy allège hier, sans fiston et pour la première fois depuis que j’ai cassé le dérailleur, et j’ai trouvé ça vraiment difficile. Mais bon, le plus gros problème est ma forme physique et mon incapacité à me vêtir adéquatement…

En conclusion, pour les tronches que ça intéresse, sachez que j’ai réussi à me rendre à 83 % de mes vingt-neuf traitements de radiothérapie en vélo. Et puisque je ne suis pas comme ma jeune amie Simone, je trouve ça inacceptable, alors, démontrant qu’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres, j’ai trouvé un score plus acceptable : 95 % de mes déplacements ont été fait sans carburant fossile, tadam!

Sur ce, je dérape, je vais vous laisser tranquille. À moins de revirement spectaculaire, je crois bien que le blogue va mourir de sa belle mort, merci de m’avoir encouragée!

Pied de céleri

Il y a quelques temps, mon chéri a acheté un pèse-personne «intelligent». Ce qualificatif signifiant d’une part, qu’il communique avec ton téléphone intelligent pour garder les données en mémoire et tracer des courbes de tendances et, d’autre part, qu’en plus de déterminer ton poids, il spécule sur ta masse musculaire et ton pourcentage de graisse.

Inutile de dire que l’objet est à la fois fascinant (pour les obsédés de données que nous sommes) et salement déprimant. Heureusement qu’il est arrivé dans ma vie dans un creux de courbe : affaiblie par une infection, une hospitalisation, un jeûne d’alcool et une perte d’appétit considérable. Mais la sale bête s’entête à me considérer comme «obèse», ce qui est une insulte pour tout le monde excepté la mère de Gilbert Grape, tsé.

N’étant pas responsable de l’achat du gadget, je vais sans doute l’abandonner bientôt sans trop de remords. N’empêche, ça va peut-être me motiver à remonter en selle et à enfiler mes espadrilles, ce que je n’ai pas fait depuis des semaines, malheureusement.

La tempête s’est cependant calmée : je me suis presque débarrassée de mon rhume d’été, assorti d’une toux persistante, et j’ai appris que je n’aurais pas de nouveau port-à-cath (yé!). Les injections d’anti-corps (Herceptin et Perjeta) que je reçois à toutes les trois semaines se poursuivront donc par les veines puisque de toutes manières, il ne s’agit pas de produits agressifs comme les produits de chimiothérapie.

Alors que ces injections s’arrêteront probablement dans six mois, celle qui a pour but de m’induire la ménopause et qui a pour conséquence de faire un gros trou dans ma bedaine et dans mon porte-feuille, elle, se poursuivra aussi longtemps que l’hormonothérapie, c’est-à-dire une dizaine d’années. Je dois commencer, d’ailleurs, à prendre du Tamoxifène, un médicament anti-œstrogénique, dès la fin de ma radiothérapie.

Ce chapitre se terminera mardi (je m’étais trompée dans mes calculs…), après quoi, je pourrai reprendre un semblant de vie normale et me contenter de quelques visites mensuelles à l’hôpital. Évidemment, je suis consciente que ma vie ne sera plus jamais tout à fait normale. Mais comme je crois avoir réussi à conserver une vie à peu près normale au courant des derniers mois, je ne crains pas la transition.

Alors que je m’apprête à amorcer ma quarantième année parmi les humains, je suis extrêmement reconnaissante de tout le soutien que vous m’avez tous apportés au courant des derniers mois. Apparemment, je suis aussi nulle pour les conclusions que pour les titres de billets, alors je vous laisse avec l’anecdote du jour :

Au lendemain d’un souper tardif et hautement excessif à des centaines de kilomètres de chez moi, bien que j’obtienne un pointage honteusement bas au geek test, mon rêve serait de me peser le plus souvent possible au courant de la journée afin d’établir une courbe de tendance de récupération post-cabane-à-sucre-du-pied-de-cochon, mais je vais me contenter de cuisiner l’antidote, c’est-à-dire l’énorme pied de céleri qu’on a reçu dans notre panier d’hier.