Depuis que j’ai reçu le diagnostic, j’ai arrêté de travailler, j’ai fait un blitz spinning-yoga-spinning-yoga et de la boulimie littéraire puis le système de santé m’a avalée. Chirurgienne, oncologue, scintigraphie, TEP scan, chimiothérapie, biopsie, installation de port-à-cath, IRM, amenez-en des aiguilles…
Un mois s’est écoulé depuis, et on peut dire que bien que le système soit lent à démarrer, une fois pris en charge, ça roule. Mon intention n’étant pas de critiquer le système et ses vaillants travailleurs, je tairai les aberrations du mieux que je pourrai. Mention spéciale tout de même aux résidents en général et à la fille du centre de prélèvement qui, en regardant ma carte d’assurance maladie, a rien trouvé de mieux à dire que «ouain, ça change han, les cheveux?».
Je ne connais pas grand chose au cancer, ni à la chimiothérapie, si ce n’est que ça fait perdre les cheveux. Je n’appréhende pas trop de les perdre puisque ça fait partie des variables connues, ce qui pour moi est rassurant. Ok, j’ai vraiment peur qu’ils repoussent tout blancs mais ça c’est une autre affaire.
Étant donné la réaction étrange de notre fils quand papa enlève quelques millimètres de sa chevelure, je me suis dit que ce serait bon de l’impliquer dans le processus. Dès que j’ai senti que mes cheveux ont voulu quitter ma tête, j’ai donc décidé de les raser. C’était avant-hier. Maintenant, j’ai saisi une chose : avoir les cheveux très très courts, y’a rien là. Aucun cheveu? C’est épeurant!!
Oui oui, j’ai suivi les conseils des gens qui comprennent mieux que moi comment ça marche et je me suis inscrite à un atelier «Belle et bien dans sa peau» pour me grailler d’une perruque et de quelques techniques de nouage de foulard. Ah, c’est beau la naïveté… Pendant deux heures, j’ai appris comment me maquiller : il était à peu près temps à 38 ans, tu vas me dire. La bénévole, grimée en permanence (oui monsieur, ça se peut) avec un petit sourire du Joker bourgogne, m’a donc appris à mettre de la pourde.
Toujours est-il que j’ai rendez-vous demain, pour une prothèse capillaire. Juste à temps pour enfiler ma robe brillante, mes souliers à talons tout neufs et m’adonner à ma nouvelle passion : le maquillage.