Mon deuxième traitement de chimiothérapie a eu lieu hier. Je m’étais mise dans l’idée que la lecture de Journal d’un corps de Pennac allait m’aider à vous raconter ce qui se passe dans mon corps. Pas trop non.
On m’a installée dans un genre de cubicule d’isolation, par manque de place. Je pouvais donc épier discrètement les coiffures (salement moins laides que la mienne) des autres tout en m’évitant leurs conversations de maladie et de généalogie. Par contre, dans la vitre en face, je voyais mon reflet, déprimant.
J’ai opté pour le foulard parce que franchement, j’ai la tête d’un chien errant d’Amérique du sud. Selon les dire de mon chum, je ferais bonne figure au concours du chien le plus laid qu’on a récemment vu à Infoman… Je vais les raser complètement je pense.
En entrant à la maison, j’ai écouté le film Wild qui n’a rien à voir avec ma situation mais qui a l’avantage d’amener plus facilement à l’introspection qu’un roman de Pennac. J’aurais pu lire le livre, évidemment, ou du Castañeda tsé, mais j’avais besoin d’un fix d’images de la côte ouest américaine.
J’en arrive aux effets de la chimio, puisque c’est de ça dont je voulais vous entretenir. Pour moi (qui suit à peu près nulle en chimie et en biologie), prendre une dose massive de médicaments ne peut qu’entraîner des effets secondaires fuckés, eh ben non. C’est plus plate que ça, mettons.
Après être allée chercher fiston à la garderie, je suis passée m’engueuler avec une commis à la pharmacie (mon chum dit que j’ai un problème de communications, d’uh!) et je suis rentrée terminer le souper. Après quelques bouchées et une crise massive du fils-de-deux-ans, j’ai commencé à pâlir. Me suis placée à l’horizontal, ma journée était finie.
Vers minuit, je me suis réveillée en sueurs, avec un mal de tête et un léger mal de cœur. J’ai pris ma température et opté pour une pilule anti-nauséeuse, celle qu’on prend «au besoin». Ensuite j’ai dormi jusque vers cinq-six heures, je présume. J’ai tourné dans mon lit en pensant à ce que j’allais écrire. Et maintenant j’attend que mes hommes se réveillent.
Petite parenthèse sur les médicaments donc : FEC c’est pour :
- 5-fluorouracile (5-FU)
- Epirubicine
- Cyclophosphamide
Mon cocktail est aussi composé de quatre comprimés dont j’ignore le nom (sinon, me serais pas pognée avec la commis de la pharmacie) qui ont pour but d’éviter les nausées et d’une injection hors de prix qui fait sortir des globules blancs de ma moëlle épinière (et me donne un peu la chienne de casser).
Tout ça vire un peu mon estomac à l’envers. Si ça se passe comme l’autre fois, je me sentirai «lendemain de veille» pendant quatre jours et après ça devrait se replacer. C’est pas aussi excitant qu’un trip de Peyotl donc, mais ça n’a rien à voir avec la sensation de te faire charger, au milieu de nulle part, par un urubu qui a l’air de savoir que tu as apporté le mauvais carburant pour ton brûleur…