Cette semaine, motivée par une envie de dumplings en bonne compagnie, j’ai décidé d’aller dîner à Montréal. Rien de très extraordinaire, vous direz? Ce n’est pas Montréal-Gaspé, j’en conviens, mais pour une électromobiliste débutante, ce fût toute une aventure!
Alors que par temps chaud, l’autonomie de notre voiture avoisine la centaine de kilomètres, le chauffage l’abaisse à environ 80 km. Évidemment, elle est dotée une génératrice à essence pour me sortir du pétrin au cas où, mais je m’élance avec le défi ultime en tête. À peine rendue sur l’autoroute, mon entraîneur m’appelle pour connaître les réglages de la climatisation.
À environ 5 km de Bromont, je me vois contrainte de démarrer la génératrice quelques minutes, histoire d’arriver à la borne en mode électrique, puisque la génératrice sonne un peu comme une tondeuse, c’est vraiment pas chic. Je recharge pendant 17 minutes (2,50 $) et me dirige ensuite vers Richelieu où je recharge pendant 20 minutes (3,00 $), le temps d’aller aux toilettes, de texter mes amis et de m’hydrater.
À ce stade du défi, la pression monte. Mon entraîneur m’ayant en effet annoncé que la borne de recharge niveau 2 que j’avais choisi près du resto est occupée : pouet pouet. Je n’ai pas fait le plein d’essence et les rues de l’arrondissement du plateau Mont-Royal ont cette réputation qui effraie la petite sherbrookoise en moi. J’hyperventile un peu, pour la forme. Sur le pont, un américain roule à 30 km sur les feux de détresse, je respire, y’a pire.
Je me rends tout de même à l’aréna constater que les deux bornes sont occupées par des électromobilistes rustres qui n’ont rien à cirer des petites sherbrookoise en quête de dumplings. Respectivement branchés depuis 2h30 et 3h30, ces deux goujats n’ont pas laissé leurs coordonnées pour qu’on les contacte gentiment pour leur demander de céder la place… Ils y seront toujours à mon retour, deux heures plus tard.
S’amorce ensuite mon baptême du Plateau Mont-Royal en voiture. Prisonnière d’un bouchon improbable, je texte mon entraîneur qui m’appelle aussitôt. Il tente de m’indiquer le chemin à prendre mais, terrorisée à l’idée de traverser le boulevard St-Joseph, je raccroche en vitesse. Résultat : le GPS se goure royalement, j’atteins la borne de justesse. Je recharge pendant 13 minutes (2,00 $), j’ai de quoi sortir de la ville et je ne dois pas tarder avant qu’elle ne s’engourdisse.
Arrivée à Richelieu, je fais le plein d’essence (6,86 $), la caissière me regarde avec un drôle d’air. Je recharge ensuite pendant 22 minutes (3,30 $), surtout parce que je suis fatiguée et que l’efficacité n’y est plus. Inutile de recharger plus longtemps, je frôle l’asymptote. L’entraîneur est avisé, il n’y aura pas d’arrêt à Bromont cette fois, je rentre au bercail.
J’active la génératrice un peu avant la montée de St-Alphonse (tout près de la station-service préférée de Karl), le son me perturbe un peu, je me demande si je fais le bon choix puis j’augmente légèrement le son de la radio. Lorsque la distance qu’il me reste à parcourir est d’environ 15 km inférieure à l’autonomie électrique qu’il me reste, je coupe le moteur de tondeuse et je rentre tranquillement chez moi. Au total, j’aurai consommé environ 5 litres d’essence, ce qui n’est pas si mal…
Le plus important, c’est que j’aurai écrit un texte de 600 mots sans utiliser une seule fois le mot de six lettres omniprésent dans ma vie. Je remercie chaleureusement mon entraîneur de m’avoir laissé utiliser les BRCC de Bromont et de Richelieu avant lui 😉